Le premier barrage hydraulique

L’eau recèle un énorme potentiel énergétique, ce n’est plus à prouver. Pourtant, son usage n’a rien d’évident pour les industriels du début du XIXe siècle. L’histoire du premier barrage hydro-électrique est liée à celle de l’ingénieur Aristide Bergès, originaire de l’Ariège et fils d’un fabricant de papier. Dans les années 1860, Bergès s’installe en Isère, et y découvre sous forme de glaciers la formidable capacité hydraulique. A une époque où les moulins à eau sont déjà bien développés, il utilise le courant d’un ruisseau pour y alimenter les défibreurs (appareils qui séparent les fibres d’un végétal, créant ainsi la pâte à papier) d’une machine à papier. Mais celui-ci n’est pas suffisant.

En 1869, Bergès songe alors à tirer l’énergie d’une chute d’eau de 200 mètres, en canalisant celle-ci via une conduite. La forte pression de l’eau permet d’actionner une turbine, qui elle-même entraîne les défibreurs. Bergès vient de mettre en place le premier système de barrage hydroélectrique de France. Force est, pour les plus sceptiques de son époque, de reconnaître que l’idée est ingénieuse. Pourtant, l’associé-même de Bergès, le docteur Marmonnier, laissait entendre ses doutes : « Je suis effrayé, comme tout le monde, de cette formidable pression dans un seul tuyau ».

Plus tard, et notamment lors de l’Exposition Universelle de 1889, l’énergie hydraulique ainsi découverte par Bergès est baptisée « houille blanche », en référence à l’énergie de la houille, type de charbon particulièrement affecté à l’époque. Un musée de la houille blanche fait aujourd’hui honneur à Aristide Bergès.